Matteo Rigaux : la batterie dans la peau

A le voir se défouler, assis derrière sa batterie – mèche décolorée virevoltant au rythme de sa nuque qui bat la mesure – on ne pourrait pas croire que Matteo est un grand timide, redoutant le regard des autres. C’est comme si les baguettes – que le batteur claque sur les caisses claires – avaient un pouvoir magique. Au contact de la batterie, Matteo s’illumine. Son regard pétille et devient amoureux. « Elle est belle hein… » C’est avec elle que le jeune homme de 22 ans passe le plus clair de son temps. Avec elle qu’il se sent vivant et vibrant. Une histoire d’amour longue durée, qui ne souffre aucune crise de couple. Matteo et sa batterie sont en osmose.

Destinée

Comme tous les prédestinés à un avenir talentueux, Matteo a rencontré l’amour de sa vie aux balbutiements de son existence. « Ma marraine m’a offert une batterie pour mon premier anniversaire. » A deux ans, Matteo gigotait sur les genoux du batteur du groupe de son grand-père Gilbert, musicien de musettes, en cavale sur les scènes locales chaque week-end. Et puis, Matteo a fait LA rencontre. De celles qui orientent une vie pour de bon. « Mes parents m’ont inscrit aux cours de batterie quand j’avais 6 ans, à Douchy, avec Éric. Il n’y avait plus de place dans ses cours, mais un jeune s’est désisté. Ma chance. »

« Père musical »

Éric Lannoy, aujourd’hui directeur de l’école de musique de Saint-Saulve, a été le professeur de Matteo de 2007 à 2020, avant que ce dernier ne vole de ses propres ailes. Leur rapport, filial et tendre, ne s’est jamais étiolé. Le duo complice poursuit son chemin ensemble, car Matteo est devenu, à son tour, professeur de batterie/percussion dans la structure saint-saulvienne. « Éric est mon père musical. On a vécu des moments de fou ensemble. C’est le meilleur pédagogue de la Terre. Sans lui, je n’aurais sans doute jamais joué à ce niveau. » A sept ans, Matteo goûtait aux joies et émotions des concerts : U2 sur la scène du stade de France. Cœur qui palpite, étoiles dans les yeux. « Jouer un jour, même 5 minutes, sur la scène du stade de France est devenu la référence, le rêve. »

Concerts mémorables

Matteo souhaite, à son tour, transmettre le précieux flambeau reçu des mains d’Éric Lannoy. Enseigner avec bienveillance, au rythme de l’élève ; parvenir à transmettre l’amour de la musique ; trouver les bons mots. Encouragé par son professeur et sa famille, à fond derrière lui, Matteo a pu réaliser son rêve : vivre de sa passion. Prix du conservatoire de Valenciennes, Prix de l’école Agostini de Paris ; diplômé du Conservatoire des musiques actuelles de Cambrai, il partage aujourd’hui son temps entre les cours et les concerts. « Ce que je préfère, c’est jouer. J’aime l’adrénaline de la scène. L’été dernier, j’ai fait mon plus grand concert devant 5 000 personnes, à Chartes. J’ai pleuré. Je garde aussi un très bon souvenir du spectacle Funky Family, au Pasino de Saint-Amand, devant 600 personnes, tous les soirs. C’était un gros show. Je n’avais que 19 ans, j’ai appris beaucoup. »

Boulimique de musique

Matteo multiplie les expériences musicales et en redemande. Remplacement au sein de groupes, tributes, concerts privés, collaboration avec des musiciens, formation musicale (Kroma et Wave back), fête de la musique, 14 juillet, évènementiels, afters (notamment pour les VIP du concert de Madonna et Sting, à Bercy, rien que ça)… « Je veux jouer le plus possible et m’améliorer encore. Je ne suis pas un batteur catégorisé, je suis polyvalent. J’ai pris goût à tout. Il m’arrive d’être sur ma batterie de 10h à 18h, sans voir le temps passer. Je me suis toujours dit que le jour où je serai blasé, j’arrêterai. » Ce n’est pas demain la veille. Doté d’une grande capacité d’adaptation, le batteur se fie à son instinct pour performer en groupe.

Humilité

« La batterie est un instrument très visuel, instinctif, qui a de la gueule. Le batteur est au service de la musique et du groupe. C’est celui qui accompagne, qui est à l’écoute. Cela demande de l’humilité. Éric m’a toujours donné l’exemple de la Porsche : ce n’est pas parce qu’on roule en Porsche qu’on peut aller à 200 km/h tout le temps. On doit savoir rouler à 30 km/h et accélérer lorsque c’est le moment. » Pied au plancher, Matteo rêve de vivre l’expérience d’une tournée : son tourbus, ses scènes, son public, son tourbillon… dans la lignée de Loïc Pontieux. Telle est sa quête, suivre l’étoile…