Morceaux d'histoire

Le nom

Saint-Saulve est la seule localité à porter le nom de l’évêque mérovingien Salvius. En fait, sous l’appellation de Sanctus Salvius, on trouve 6 personnages différents ; celui qui a donné son nom à notre commune est le dernier dans l’ordre chronologique. C’est sous Charles Martel (donc avant 741) que Saulve, évêque itinérant venu d’Auvergne, fut assassiné avec son disciple à Beuvrages. Il a laissé son nom au village où il fut enterré : Saint-Saulve. Sa fête principale tombe le 26 juin, jour présumé de sa mort ; l’abbaye commémorait également sa translation le 7 septembre, et son élévation le 10 octobre.

Et Brena ?

“Du temps de nos ancêtres les Nerviens, notre village s’appelait Brena.” Ce fut répété depuis le 14ème siècle. L’explication : le chroniqueur Jacques de Guise (mort à Valenciennes en 1399), suivant la mode du temps, dota villes et villages de fondateurs prestigieux… et donc Brennus, le fameux (plus ou moins légendaire) chef des Celtes Senons, censé avoir pris Rome vers 390 avant notre ère, pour Saint-Saulve. D’où le nom de Brena, forgé de toutes pièces au 14ème siècle par Jacques de Guise pour un village déjà nommé Sanctus Salvius au 9ème siècle ; et l’appellation de Brenne Libre à l’époque révolutionnaire.

Espagnole

L’administration espagnole a laissé une trace sous la forme d’une pierre sculptée aux armes du royaume, au-dessus du porche d’une ancienne maison, appelée au début du 20ème siècle “le château”, et aujourd’hui divisée en plusieurs habitations, rue Charles Giraud.

Française

Saint-Saulve ne fut définitivement rattachée à la France qu’en 1678 (traité de Nimègue), après la prise de Valenciennes et de sa banlieue par Louis XIV en 1677. Comme les autres communes limitrophes de Valenciennes, c’était alors un petit village de quelques centaines d’habitants (363 au dénombrement de 1699).

Blason

Il a été adopté par l’abbaye au 17ème siècle et repris au 19ème par la commune. Mi-parti – c’est-à-dire coupé en deux moitiés dans le sens vertical -, il résulte de la réunion de deux blasons : celui du Saint-Empire, “D’or à l’aigle bicéphale de sable”, et celui des rois de France, “D’azur semé de fleurs de lis d’or”. Son choix par l’abbaye (peut-être à partir de son élévation au rang d’abbaye indépendante, en 1629) peut être interprété de deux manières. Un blason “frontalier” : la situation géographique du monastère, sur la rive droite de l’Escaut, dans le diocèse de Cambrai, donc en terre impériale (Saint-Saulve n’a été rattachée définitivement à la France qu’en 1678), mais rattaché à l’abbaye de Cîteaux, en terre de France. Ou le blason de Charlemagne : la légende de sa fondation par Charlemagne, dont le culte a pris de l’ampleur au 17ème siècle, a pu motiver ce choix, à la fois symbolique et politique. “Saint Charlemagne”, en tant que “fondateur” supposé, était titulaire d’un autel dans l’église abbatiale.

Choux rouges

L’agriculture a tenu une place importante pendant tout le 19ème siècle. En 1852, sur les 1 204 hectares de la commune, 1 100 sont consacrés à l’activité agricole dans 59 fermes dont 3 ont entre 50 et 100 hectares. Les céréales occupent une part prédominante : froment, avoine, orge. De nouvelles cultures tiennent une place importante : betterave sucrière, chicorée. Poireaux, carottes, navets et légumes divers cultivés par les nombreux maraîchers valent alors aux habitants de Saint-Saulve le surnom de Choux rouges. Ces productions légumières alimentent le marché de Valenciennes. Et la ville a ainsi été longtemps considérée comme le “potager” de sa proche voisine.

Hamoir

Industriel et banquier, Edouard Hamoir fut maire de Valenciennes de 1846 à 1848 et maire de Saint-Saulve de 1871 à sa mort en 1873. En 1857, il fit construire, sur la rive droite de l’Escaut, le “château de la Rougeville” (démoli en 1969), et en 1867, sur l’autre rive, une ferme modèle qui fut exploitée jusque vers 1975 ; le domaine s’étendait sur plus de 80 hectares.

Suite à l’essor industriel de la région, la population de Saint-Saulve était passée de 1 355 habitants en 1837 à 2 031 en 1861, et l’ancienne église Saint-Martin, bien qu’augmentée du double de sa surface en 1838, était devenue insuffisante. Hamoir encore fit construire à ses frais une nouvelle église (1863-1865). L’ancienne fut démolie en 1866. En 1991 a été construit, à cet emplacement, l’espace Athéna.

Guerre 14-18 : le maire emprisonné

Les troupes allemandes pénètrent en France par Quiévrain et s’emparent du Valenciennois le 25 août 1914.  En novembre 1916, le maire, Victor Hornez, est arrêté pour avoir protesté contre les réquisitions de personnes et les durs traitements infligés aux ouvriers requis ; il restera en prison jusqu’à la fin de la guerre. En 1917, la statue de la Duchesnois est enlevée pour être fondue.  Le 24 octobre 1918, l’abbé Maës, curé de Saint-Saulve, est mortellement blessé par un obus anglais. Le 2 novembre, les Canadiens entrent dans Valenciennes. Le 24, Victor Hornez préside la première réunion du conseil municipal après l’Armistice. Le bilan, pour Saint-Saulve, s’élève à 105 militaires et 28 civils tués.

Guerre 39-45 : les fusillés du Rôleur

Fin août 1944, à la veille de la Libération, 21 résistants âgés de 19 à 67 ans, dont deux femmes, ont été fusillés par les Allemands au champ de tir du Rôleur. Leurs corps mutilés ont été découverts le 6 septembre et les cercueils exposés dans une chapelle ardente au musée de Valenciennes. Un monument a été érigé en leur mémoire, à Marly.

L’axe Valenciennes-Mons

L’ancien “pavé de Valenciennes à Mons” reliait entre elles les capitales du Hainaut français et du Hainaut belge. Axe européen Paris-Bruxelles, la route nationale 30 a connu un trafic important de voyageurs et de marchandises, jusqu’à l’ouverture de l’autoroute en 1972. Rebaptisée D 630, elle unit autant qu’elle sépare le “vieux Saint-Saulve” et les nouveaux quartiers.

A partir de 1842, un chemin de fer a relié le Valenciennois à Quiévrain. Pendant un an, le point de départ en a été sur le territoire de Saint-Saulve, car Valenciennes était toujours ceinte de remparts.

La fin du 19ème siècle a vu l’installation de la ligne de tramway de Valenciennes à Blanc-Misseron, le long de la route nationale.

La zone industrielle

Le quartier du Marais connaît également de profonds bouleversements, avec l’aménagement de la zone industrielle de Valenciennes-Saint-Saulve (dite ZI n°4). Créé par la Chambre de commerce et d’industrie en 1971 pour accéder à une demande d’implantation de l’usine de tubes Vallourec, le projet couvre une superficie d’environ 150 hectares, dont 134 sur le territoire de la commune. Plusieurs structures industrielles viendront s’y greffer : le port fluvial (1973), le canal à grand gabarit (1976) et l’usine d’incinération (1978).

La mutation

Dans le courant des années 1950, Saint-Saulve voit naître ses premières “cités”, construites de part et d’autre de l’avenue Jean Jaurès. Les années 1970 constituent une décennie charnière dans l’histoire contemporaine de Saint-Saulve. Avec la création de la ZAC “Centre” – aujourd’hui dénommée “la Pépinière” – et ses différents équipements publics, le centre de gravité de la commune se trouve déplacé vers le sud par rapport à l’ancienne agglomération, jusqu’alors en grande partie située de l’autre côté de l’avenue Jean Jaurès. Cette mutation débute dès l’année 1970 avec le percement de l’avenue Charles-de-Gaulle et la construction de ses premiers immeubles, et avec la poursuite des programmes de lotissements (logements individuels et collectifs), soit en tout 1 083 logements. En 1979, le conseil municipal, ne voulant plus “voir jaillir de nouveaux blocs en béton”, décide de déconventionner et de remplacer la ZAC dite “Est” par une urbanisation jugée raisonnable, comprenant environ 500 logements individuels.

La population

Saint-Saulve a passé le cap des 1 000 habitants en 1821 (1 076), des 3 000 en 1903 (3 250), des 5 000 en 1958 (5 300). La ville a ensuite connu un boom démographique, gagnant 5 000 habitants en 20 ans, de 5 602 en 1962 à 10 568 en 1982.

Elle a franchi la barre des 11 000 habitants en 1990 (11 161).

Pour en connaître plus sur le passé de notre ville, on se reportera à l’ouvrage collectif “Saint-Saulve a son histoire”, 250 pages, publié en 2004.