Numéro 2 française, Lilou poursuit son rêve

Lilou m’attend sur un fauteuil du club house du tennis club de Saint-Saulve, le téléphone dans les mains. Tenue de sport, cheveux attachés vers l’arrière, en chignon, visage fermé. Comme si elle s’apprêtait à disputer un match. L’attitude d’une championne en gestation. Un peu crispée, car pas habituée aux interviews. Pourtant, la demoiselle de 9 ans va devoir s’y faire. Ce n’est peut-être que le début d’une longue série.

Lilou se détend, aidée par sa maman et complice Ludivine. Quand elle éclate de rire, alors elle troque soudain son attitude de petite championne pour celle d’une gosse. Car toute étoile montante qu’elle soit – avec le poids des responsabilités que cela engendre – Lilou n’est encore qu’une enfant. 

Surmotivée

Par la baie vitrée qui sépare le club house des terrains de tennis intérieurs, « Fred », sa coach, tape au carreau et fait les gros yeux. Lilou est assise sur le fauteuil de travers, les jambes en l’air. Décontractée finalement. Hyperactive aussi. La gamine ne tient pas en place. Il faut la voir, passer sous les fenêtres du CCAS plusieurs jours par semaine, avec la démarche déterminée des sportives prêtes à conquérir le monde. Jamais Lilou ne vient à reculons. Pourtant, ce ne fut pas toujours le cas.

En équipe de France

Aujourd’hui numéro 2 française, dans la catégorie U10, la jeune fille surdouée (classée 15/3) joue maintenant des seniors d’une quarantaine d’années, qu’elle est capable de battre. Et s’apprête à s’envoler pour l’Angleterre, où elle disputera, début mai, son premier tournoi international, avec l’équipe de France, dans laquelle elle a été sélectionnée. Championne de France par équipe, Lilou a remporté plusieurs tournois, parfois en 13-14 ans. Une folle ascension pour celle qui a commencé le tennis il y a 4 ans.

Des débuts compliqués

« Au départ, je l’ai inscrite à la danse, confie sa maman. Mais je voyais bien que ça n’était pas son truc. C’était mignon mais elle manquait de grâce. Elle ne tenait pas en place. C’était la seule qui courait partout. » Il fallait à Lilou une activité qui lui permette de lâcher les chevaux. De libérer toute l’énergie qui sommeillait en elle. « Le club de tennis était près de mon commerce. C’était pratique. Mais c’était toujours la course. Je ne pouvais pas conduire Lilou à tous les entrainements. A vrai dire, elle n’allait pas souvent au club… Fred, son entraîneuse, me disait qu’elle avait des qualités sportives, mais le fait qu’elle ne soit pas assidue l’empêchait de progresser. »

Lilou avec Leolia Jeanjean, joueuse française de tennis, ici au tournoi de Roland Garros.

Et soudain…

L’épisode Covid aurait pu sonner le glas définitif de cette passion pas encore naissante. Lilou préférait la natation, mais la piscine avait fermé… « Pendant le Covid, Fred a donné des exercices à faire à la maison. Le tennis était la seule activité autorisée à l’extérieur. Lilou s’est mise à s’entraîner plus sérieusement et après… tout s’est enchainé très vite. » Voilà comment un destin nous rattrape.

Du sport tous les jours, ou presque

Repérée par des pointures de la fédération lors de tournois, Lilou a été sollicitée pour suivre un stage avec les 20 meilleures françaises de sa catégorie. Les entrainements se sont intensifiés et le quotidien de la jeune fille et son entourage s’est transformé. Elle a obtenu l’autorisation du Rectorat pour suivre des horaires aménagés à l’école. Le lundi, elle quitte la classe vers 15h, pour aller s’entraîner dans la métropole lilloise. Le mardi, entraînement à Valenciennes (sur terre battue) ou à Saint-Saulve (sur dur). Les mercredis et samedis, direction Ronchin pour la préparation physique. Le vendredi, cours individuel et collectif à Saint-Saulve. Jeudi ? Repos. Mais surtout, rattrapage de cours. Lilou manque environ 10 semaines par an, du fait de ses nombreux déplacements.

Humble et perfectionniste

Au collège l’année prochaine, il faudra s’adapter encore et sans doute passer par la case cours par correspondance. Des sacrifices que la gamine est prête à assumer, pour vivre sa passion pleinement. « Lilou est une gamine agréable à entraîner, consciencieuse et rigoureuse. Investie à 150%. C’est une bosseuse, perfectionniste. Lorsqu’elle arrive sur un terrain, ce n’est plus la même Lilou… » Pour autant, la jeune fille au sourire enfantin garde les pieds sur terre et la tête sur les épaules. Humble et discrète, Lilou ne se rend peut-être pas encore très bien compte de ce qu’elle est en train d’accomplir. « Il lui arrive de gagner des tournois et ne le dire à personne », comme si c’était anecdotique.

Fred, l’indispensable

Le parcours de Lilou fait la fierté du tennis club de Saint-Saulve (TCSS). Et s’il a changé sa vie et celle de sa famille, il a également bouleversé le quotidien de Fred, sa coach qui la suit partout, ou presque. « Je m’arrange pour être à côté d’elle sur le terrain. On fait le max ! » Fred jongle entre son métier de prof d’EPS, les entraînements qu’elle dispense au club et le suivi attentif de sa protégée, qui a besoin de sa présence.

Bien entourée

« Sur le terrain, face à la frustration, Lilou s’exprime souvent par les pleurs. Alors nous avons mis en place un système de cartons, comme au foot. Si elle a le rouge, elle quitte le terrain et le match est terminé. Ça n’est encore jamais arrivé. C’est efficace. » Entre ses préparations physiques et ses préparations mentales, Lilou est bien entourée : Cécilia Delage, psychologue du sport ; Laurent De Pasquale, dénicheur de talents de la Fédération ; Roch Vidal, entraîneur intransigeant des jeunes ; ou encore Gaël, préparateur physique aux exercices redoutablement efficaces. Des grands noms du tennis, qui ont accompagné les meilleurs français, comme Gaël Monfils.

Bien-sûr, le chemin est encore long et plusieurs étapes décisives – notamment à l’aube de l’adolescence – seront à franchir, pour que Lilou tutoie les sommets du tennis national, voire international. Mais la petite fille qui n’aimait pas danser a toutes les cartes en main, pour faire de son rêve un destin.

Contact :

  • Suivre Lilou Vandeputte sur Instagram : lilouvdp59
  • Pour accompagner/parrainer Lilou dans son projet sportif, sa maman Ludivine a créé une association nommée « team Lilou ». Mail : bobinou59@me.com – Tél : 06 18 16 84 96.