On imaginait des guitares électriques accrochées sur les murs ; des têtes de mort posées sur des meubles, dans une atmosphère sombre. Il n’en est rien. Serge vit dans une coquette maison fleurie, nichée tranquille au bout d’une impasse de la cité Wadin, au milieu d’une collection de lampes à huile et de plantes grasses. Seuls quelques magazines aux couvertures évocatrices, soigneusement rangés, donnent un indice sur sa passion pour la musique metal. Le reste est visible sur lui, directement. Neuf trous à chaque oreille. Bientôt un dixième, pour que le compte soit rond. Et des sweats floqués à la gloire de l’univers métal. Ni bagues, ni tatouages. Point trop n’en faut.
Un dur au cœur tendre
Serge est un métalleux pur souche. Derrière de lourdes paupières, son regard doux laisse entrevoir une âme gorgée d’humanité. L’archétype du dur au cœur tendre ? Sans doute. Si l’on s’attache forcément à son look – qu’il met un point d’honneur à entretenir – il ne serait pas juste de s’arrêter à cela. « J’aime me différencier des autres. Je n’aime pas me fondre dans la masse. C’est ma façon d’être. Mais j’ai un cœur, comme tout le monde. » Tout le monde n’est pas bénévole depuis 25 ans. Serge ne se démarque pas seulement par son style. Il se démarque aussi et surtout par ses actions.
Un visage qu’on n’oublie pas
Opération ville propre ; aide à l’entretien des tombes pour la Toussaint ; aide à la préparation des colis des seniors et des écoliers ; jardinier bénévole au jardin solidaire ; aide à la distribution du kiosque municipal… Dévoué à la ville de Saint-Saulve, où il réside depuis 42 ans, Serge est un visage connu de tous, au service de chacun.
Surprenant
Ancien filtreur chez PPG, en retraite depuis 2010, le rock-cœur partage son temps entre la musique, le bénévolat et le sport. Deux heures de marche quotidienne, aux aurores ; 3 à 5h de vélo. Pas une goutte d’alcool. Serge nargue les clichés : métalleux, supporter assidu du VAFC, du RCL et des Diables rouges, et une hygiène de vie impeccable.
Jusqu’au bout
Co-organisateur de lotos presque chaque week-end, membre d’associations, bénévole aussi pour les Restos du cœur, Serge s’accorde tout de même des moments de répits, lorsqu’il part en vadrouille visiter les jolis coins de ce monde. A 71 ans, celui qui se fiche bien des avis sur son style souhaite poursuivre son implication bénévole, jusqu’à ce que sa santé le lui permette. « Je fais tout ce que je peux faire. J’aime rendre service, avoir du contact avec d’autres bénévoles. » Taiseux, pudique, loyal, Serge paraît tout droit sorti d’un film qui mettrait en scène des tribus indiennes d’Amérique du Nord. Il partagerait avec elles l’esprit indomptable, le lien profond avec la terre, le goût pour les ornements. Serge, le dernier des Mohicans ?