Annie transforme les jardins de la Châtaigneraie

A elle-seule, Annie est en train de transformer une aile entière du jardin de la Châtaigneraie, résidence autonome où elle a posé ses valises, il y a un an. Elle connaissait l’endroit, pour y avoir participé à des ateliers manuels et des repas, lorsqu’elle vivait encore dans sa maison, rue du Roleur. « Je suis arrivée à Saint-Saulve en 1986. Au décès de mon mari, en 2018, je me suis retrouvée seule dans la grande maison. Les enfants vivent dans une autre région. La solitude me pesait. J’ai visité un studio ici et j’ai eu le coup de cœur pour cette ouverture sur le jardin… »

Captivée par la beauté

Les beaux et grands yeux verts d’Annie, finement maquillés, sont instantanément attirés vers l’extérieur. Vers les fleurs, les arbres, les oiseaux. Les couleurs, la beauté. « Papa était mineur. Il accordait une grande importance au jardin. Maman aimait les fleurs. A eux deux, ils m’ont donné le goût du jardin. »

Le studio d’Annie ressemble à un atelier d’artiste. Des toiles, des aquarelles, des sculptures, des livres, des plantes… Tout juste de la place pour un petit lit, idéalement placé sous la fenêtre, pour que lorsque l’octogénaire ouvre les yeux chaque matin, elle soit directement au contact de cette nature qu’elle chérit tant. « Avec le jardin, on oublie tout. J’adore remuer la terre, semer, voir du beau, expérimenter. C’est un enchantement pour les sens et c’est bon pour la mémoire. »

Une artiste totale

Sur sa petite terrasse, toutes sortes de fleurs, plus jolies les unes que les autres. Juste en face, la Saint-Saulvienne a aménagé un parterre de vivaces magnifique. Derrière encore, elle a sublimé la nature avec diverses plantations, après avoir perçu que des arbustes étaient étouffés derrière une haie envahissante. L’œil du jardinier ne trompe pas, celui d’Annie encore moins. La dame coquette et élégante connaît les noms latins de chaque espèce sur le bout des doigts. Sa passion pour le jardin a même fait des émules. Ses voisines se mettent, elles-aussi, à aménager leurs terrasses et leurs abords.

Son rêve ? Créer un jardin pédagogique à la Châtaigneraie. Annie s’y connait en pédagogie, elle qui a été institutrice auprès d’enfants en difficulté. Un second choix, après son rêve, inaccessible à l’époque, d’entrer aux Beaux-Arts. Annie n’est pas qu’une artiste au jardin. Munie de pinceaux et de crayons, elle dessine merveilleusement bien. Des portraits saisissants, aux regards captivants, sont nichés, çà et là, dans son studio et dans des classeurs.

Semeuse de graines

Annie a la volonté de mettre son savoir-faire au service du collectif. Elle s’est proposée de décorer les couloirs de la Chataigneraie. Pour autant, la dame est une besogneuse de l’ombre. Humble, en plus de ses autres qualités, elle ne préfère pas être sous le feu des projecteurs et il aura fallu un peu de temps pour la convaincre d’être prise en photo, « de loin ».

Annie est une semeuse de graines, aux sens propre et figuré. De ses lèvres couleur coquelicot, sa fleur préférée, elle distribue des sourires bienveillants et tendres. Son aura naturelle, sa créativité, son esprit fourmillant d’idées foisonnantes qui la réveillent la nuit, en font une personne hautement inspirante.