Silhouette fine, cheveux hirsutes et regard clair et vif… Didier Moné est le visage du tennis club de Saint-Saulve depuis 15 ans. Le 14 octobre, la médaille de la ville « qui fait drôlement plaisir » lui a été décernée par la Municipalité, pour clore le chapitre en beauté.
Oui, l’indéboulonnable Didier, l’infatigable, le volontaire, le fidèle, l’engagé… s’en va. Non sans émotion – « le tennis club c’est comme une deuxième famille, ça va faire un vide » – mais sans regret. « Ma priorité a toujours été de maintenir les installations en bon état, avec l’aide de la Mairie. » Pas seulement. Didier a aussi donné son identité au club, entre loisir et compétition, entre moments festifs et rigueur, entre convivialité et prestige. Un savant équilibre. Didier et son équipe salariée et bénévole ont donné au club ses lettres de noblesse, lui conférant une réputation indiscutable dans le Valenciennois et au-delà. Quatre terrains extérieurs nés dans les années Noah et trois terrains intérieurs aménagés deux ans plus tard. Des abords parfaitement entretenus ; un espace vert charmant. De quoi faire des envieux.
Un club constant et performant
Fort de plus de 400 licenciés par an, cinq entraîneurs, une salariée pour la gestion courante et un jeune en contrat d’apprentissage, le club a su maintenir le cap au fil des années. Une constante comme un défi à renouveler à chaque fois : présider un club n’est pas de tout repos. Outre la gestion quotidienne, peuplée de moultes péripéties, un club doit vivre, vibrer et performer. Pour ce faire, chaque année est rythmée par des tournois et des rencontres interclubs.
C’est encore à Didier que le club doit d’avoir atteint le niveau national en 2010, avec l’équipe dame, composée d’une dizaine de joueuses pour moitié issues du club, pour l’autre venue de Belgique. Être à la hauteur, c’est aussi avoir l’œil pour déceler les talents bruts – comme Lilou, Clara ou encore Aymane – et œuvrer à leur offrir des conditions d’entraînements optimales, pour les aider à devenir des champion.ne.s.
Un président au cœur grand
Didier Moné c’est un caractère. Amis, coachs, bénévoles, joueurs peuvent en témoigner. Du genre à savoir ce qu’il veut et à savoir où il va. C’est aussi un cœur. Même qu’il est grand ! C’est encore sous sa présidence que l’aspect socio-sanitaire du club s’est fortement développé.
Le tennis santé, d’abord, pour les personnes atteintes du cancer et autres maladies, en rémission ou en rééducation. « Contrairement aux idées reçues, le tennis n’est pas un sport violent. Il n’y a pas de traumatismes durant la pratique. Au début, tout le monde faisait de gros yeux lorsque j’ai voulu lancer cette action. Heureusement, un chirurgien m’a suivi. Aujourd’hui, la signature d’une convention est en cours avec la Rougeville, à Saint-Saulve et le centre Stablinski, à Valenciennes. » Le tennis santé se déroule chaque vendredi matin, avec une monitrice spécialisée.
Le sentiment d’avoir fait le tour
Le tennis adapté, ensuite, pour les personnes atteintes de handicap mental. Les résidents de plusieurs foyers du secteur viennent s’éclater au club tous les mardis matin, encadrés par Julien, l’éducateur tennis. « Ça fait plaisir de les voir ! » Pendant les vacances scolaires, Didier et son équipe accueille des jeunes de milieux défavorisés, pour les initier au tennis. Une façon de les ouvrir à un monde qu’ils ne connaissent pas et qu’ils jugent – souvent à tort – inaccessible. Le tennis selon Didier est une porte ouverte à tous. Tous âges, tous niveaux, tous milieux.
« Je suis content de voir tous les gamins s’amuser ici. Ils ne sont pas devant les écrans. Je pense qu’on a réussi pas mal de choses sur tous les plans », se félicite celui qui, un jour, a estimé qu’il était temps de céder la place. C’était l’an passé. « J’ai eu le sentiment d’avoir fait le tour. Ce n’est plus la même génération. On a bien développé le club. Je pense que j’ai fait tout ce que je pouvais faire. Ça devenait une routine. »
Christophe Delmarle pour successeur
Ancien président du club de tennis de Préseau, où il est domicilié, Didier Moné avait un jour été sollicité par le club de Saint-Saulve, où ses enfants jouaient déjà. Venu en tant que directeur sportif, il était rapidement devenu vice-président, pour la suite que l’on connait. Bien-sûr, le passionné de tennis ne part pas comme un voleur. Il a accepté bien volontiers d’assurer la transition avec son successeur, Christophe Delmarle, durant un an, en tant que chargé de missions. Ce dernier, parent d’un jeune joueur et investi dans le club depuis 5 ans, a reçu le flambeau des mains d’un président chevronné.
Didier Moné quitte la présidence du club de tennis avec une valise de projets sur les bras. Tous azimuts : des planches à fixer sur le bardage, pour que les jeunes puissent se renvoyer la balle ; la pose de panneaux photovoltaïques et d’une réserve en eau ; la création d’une salle de réunion ou encore l’éclairage des cours extérieurs pour les longues soirées d’été… De quoi donner des idées à Christophe Delmarle, qui aura été formé à la bonne école.
S’ennuyer maintenant ? Pas le genre de Didier Moné, qui conserve son engagement au sein de la commission de développement du Département et du Hainaut, afin d’aider et conseiller les autres clubs de tennis. On ne balaie pas tant d’années consacrées au tennis d’un revers de raquette. A 70 ans, l’homme passionné pour son sport referme un long chapitre de sa vie. Mais ce regard vif et clair va continuer de se poser avec attention sur son club bienaimé.