« Il ne faut pas attendre pour profiter de ce que la vie a à donner »

Son regard porte en lui la contemplation des grands espaces, admirés pendant des heures. Il voit loin et grand. Il porte aussi l’amour viscéral d’une nature, parfois hostile ; et la quête, sans cesse renouvelée, du dépassement de soi. Le goût du risque, naturellement, mais jamais démesuré. Andy Chiarelli pourrait être le Mike Horne du Valenciennois. Mais chaque aventurier est unique et ne mérite aucune comparaison. Le natif de Saint-Saulve ne se met jamais en danger inutilement. Chaque expédition est une leçon de vie, une découverte de soi, des autres ; une occasion de sensibiliser et d’être solidaire.

La fonte des glaciers islandais

Des steppes de Mongolie aux glaciers islandais, du lac gelé d’Inari aux forêts finlandaises immaculées, Andy donne à voir des paysages époustouflants, à travers les films qui retracent chacune de ses expéditions. A l’occasion de la Journée mondiale de l’eau, la ville de Saint-Saulve rappelle à elle l’un de ses chérubins, pour la présentation de son film « Islande, du souffle pour la vie ». Lors de ce voyage, effectué en 2021, pour lequel Andy est allé « au bout de ses capacités physiques », l’impact du réchauffement climatique s’est révélé au grand jour : « les glaciers sont en perte sèche. Certains risquent de disparaître, dont Vatnajökull, le plus grand d’Europe. Or, les glaciers représentent une ressource fondamentale pour la population locale. L’Islande est un pays respectueux de son environnement et subit directement la négligence des autres. » Ce voyage était aussi l’occasion de soutenir l’association « Vaincre la mucoviscidose », pour laquelle Andy a pu récolter près de 20 000€, grâce aux partenaires publics et privés.

Force physique & mentale

1 800 kms parcourus, dont 1 500 kms de marche, en 21 jours seulement, dans des zones désertes, en totale autonomie. Tel était le projet de cette traversée islandaise, du nord au sud, au mois de juin, période durant laquelle le jour ne se couche jamais… « Nous faisions des journées de 33h. Nous dormions quelques heures, quand nous étions fatigués. Nous avons parcouru des zones accessibles uniquement à pied, rien à 300 km à la ronde. » L’occasion de mettre à l’épreuve sa force physique et mentale. Et si tout est programmé un an et demi à l’avance, les aventures comportent toujours une part d’imprévus. Des frayeurs, comme cette fois où Andy traverse un pont de glace qui s’écroule. Heureusement, la rivière dessous était calme et peu profonde.

Le déclic

Ce contact avec la nature, aussi dangereux puisse-t-il être, Andy l’a toujours recherché. Une enfance heureuse au Bosquet, au milieu des champs et des arbres. Un passage en tant qu’animateur au centre Fortier, puis professeur de fitness au service des sports de la ville de Saint-Saulve. Et puis ce drame, qui provoque le déclic et donne une direction définitive à la vie. « Mon père est mort d’un cancer généralisé à 49 ans. Il mettait de l’argent de côté, pour profiter à la retraite. Je me suis dit qu’il ne fallait pas attendre pour profiter de ce que la vie a à donner. Je vis ce que j’ai envie de vivre. Je ne me ferme aucune porte. Je n’ai pas peur de déplacer des montagnes. »

Oser l’aventure

A seulement 32 ans, Andy a trouvé le parfait équilibre entre ses trois vies : celle de l’aventurier, du professionnel du bien-être et de la santé en entreprise et du mari-père comblé et soutenu. Passé de coach sportif à chef d’entreprise (Ludis), il distille ses conseils à travers des séminaires et des conférences. Ses expéditions lui sont un murmure précieux aux oreilles de celles et ceux qui n’osent pas amorcer le changement, quand leurs vies en ont pourtant besoin. « C’est important de se retrouver seul.e. J’ai l’habitude de dire que la vie est un « je ». Ce n’est pas de l’égoïsme, c’est de l’amour de soi, et c’est la meilleure façon d’aimer les autres. Il ne faut pas craindre l’inconnu. Beaucoup de personnes pensent que l’aventure, c’est partir à la montagne avec un sac à dos. Mais changer de boulot ou changer de relation sont aussi des aventures qui demandent du courage. C’est la même dynamique. »

Le vrai tour de France

Parce qu’il a toujours une aventure en cours de préparation, Andy s’apprête à débuter un long cycle d’entraînement à vélo, qui le mènera, en avril 2026, au départ d’une traversée de la France en vélo, en longeant la côte ouest et les frontières est. Un véritable tour de France, au sens propre, de 5 000 km, en 27 jours. L’aventure 2027 est aussi déjà dans les tuyaux, mais on vous laisse la surprise pour plus tard. « Vous allez me voir vieillir », plaisante Andy. On ne demande pas mieux !