A travers l’une des fenêtres de la salle polyvalente, les silhouettes de Julienne et Hervé se câlinent. Les amoureux des Charmilles sont inséparables. Au petit matin, à peine a-t-il ouvert les yeux, qu’Hervé trottine déjà jusqu’à la chambre de Julienne. « Je pense à Julienne, et ensuite à moi », explique-t-il, avec une sincérité touchante. Julienne se laisse bercer, cajoler, dorloter. Ses grands yeux bleus-gris sont remplis d’amour pour celui qui veille sur elle du matin au soir. Le couple mange côte à côte durant les repas.
La délicatesse des sentiments
Dans la journée, tandis que Julienne tricote des cache-nez pour son « chéri », dans sa chambre, ce dernier est à ses côtés, assis dans le fauteuil, devant la télé. Sur les murs ou dans les cadres, des photos de l’être aimé, partout. Leur tendresse saute aux yeux, même dans leurs silences. Surtout dans leurs silences. Et c’est ainsi que passent les jours, avec délicatesse, dévouement et affection.
Loin des yeux, près du cœur
Hervé est aux grands soins pour son « petit cœur ». Si elle tombe, il la relève. Si elle est blessée, il pousse son fauteuil roulant. Lorsqu’il part plusieurs semaines en séjours adaptés, c’est le grand drame, la déchirure. Il faut se quitter. C’est si rare. Hervé téléphone à Julienne. L’absence, l’attente et le manque leurs sont douloureux. Loin des yeux, mais très près du cœur.
LA rencontre
Hervé, 60 ans et Julienne, 77 ans, se sont choisis. C’était lors d’un karaoké, organisé par la fondation Serbat, durant la Semaine bleue en 2021. Ils ont dansé ensemble, se sont plus, se sont émus. Le premier bisou. Ces choses-là ne s’expliquent pas.
Romantisme +++
Prévenant, attentionné, doux, Hervé est guidé par la pureté de ses sentiments. Romantique comme on n’en fait plus, il rêve même de se marier… Chaque année, pour la Saint-Valentin, le couple se déclare son amour, en quelques mots, dans la Voix du Nord. Et lorsqu’il est présent à cette date symbolique, Mathieu, éducateur aux Charmilles, fait en sorte de les faire manger en tête à tête.
La force d’aimer
Dans la façon qu’ils ont d’imbriquer leurs mains l’une dans l’autre, dans la façon qu’ils ont de rapprocher leurs visages pour s’embrasser, de se prendre dans les bras et de marcher dans les couloirs, d’un même petit pas cadencé, sans jamais se lâcher la main, on comprend que Julienne et Hervé sont habités par l’immense force d’aimer. D’aimer quelqu’un plus que soi-même. Et cela, indépendamment du handicap, indépendamment de l’âge. L’humanité réside dans l’amour.





